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20.04.2002

 

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Comment contrôler une panique ?

Incertitude, opacité et faiblesse des éléments de l'information peuvent conduire les acteurs des marchés à des mouvements de panique consécutifs à un désengagement global. La crise, ébranlant les techniques habituelles, rationnelles et raisonnées des spéculateurs engendre la crise dans un sauve-qui-peut généralisé. L'information disparaît au fur et à mesure que les transactions régressent, sans référentiel, sans indice, toute réflexion est annihilée. Paralysés, les marchés n'ont souvent d'autres recours que la puissance publique.

Puissance publique à prendre au sens large puisque dans le cas précis de la crise coréenne, le FMI, la banque mondiale et une douzaine de banques centrales étrangères ont contribué à la maîtrise de l'effondrement du won.

La crise coréenne trouve ses prémices dès le début de l'année 1997 dans l'effondrement de grands conglomérats étranglés par leurs dettes mais aussi dans l'épuisement des ressources de la banque centrale venue en aide aux filiales étrangères des établissements coréens.

A l'automne, après le krach de Hong-Kong, l'attention des marchés se portent sur la Corée, la fuite des capitaux s'amplifient jusqu'à la demande d'aide au FMI par le gouvernement (21/11). Devant les difficultés de négociation avec le FMI, la Corée s'adresse directement à la Réserve fédérale américaine qui usera de son influence pour accélerer le processus. Le premier plan conclu début décembre n'enraye pas la crise qui s'accentue jusquà l'élection présidentielle. La levée d'une incertitude politique majeure conjuguée à l'accéleration des versements ne permet à la Corée d'éviter le défaut que d'extrême justesse. Afin de maîtriser la crise et de faire respecter un moratoire sur les dettes à court terme, se met en place un système d'encadrement des flux internationaux de capitaux.

Cette seconde partie de la gestion de la crise reflète le caractère prédominant - le leadership - acquis par les Etats-Unis au cours de la crise. Fédérateur et instigateur des principales mesures, le gouvernement américain a supplanté le FMI et la banque mondiale dans leurs propres attributions. Leadership accepté, voire subi par les autres autorités centrales qui ont conservé le rôle de relais et de centralisateur dans leurs propres milieux bancaires. Les banques privées ont également rapidement pris conscience du risque encouru et n'ont pas opposé de résistance aux mesures prises pour endiguer la crise.

Une fois la crise de liquidité à court terme contenue, s'est posée la question de la dette à moyen terme. Engagée entre un pool réduit des banques privées et le gouvernement coréen, la négociation portait d'une part sur le refinancement de un à trois ans des prêts à moyen terme contre une modification du spread et d'autre part sur une émission souveraine.

Le défaut de paiement n'a été évité que grâce à la mise en place d'un système de contrôle dont la logistique fut assurée par les institutions internationales et la crédibilisation par les Etats-Unis. Leur rôle : unifier, rassembler, souder les différents acteurs pour les faire travailler dans une direction donnée (par eux-mêmes...). Reste que ce schéma n'a pas été reproduit dans la crise indonésienne, la moindre importance du pays et sa déliquescence économique et politique ne l'ont pas autorisé.

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