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18.01.2004

 

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Histoire de la Corée

par André Fabre

 


Chapitres du livre :

Tangun le premier coréen.>>
La Corée ancienne (Ko Choson).>>
Les Trois Royaumes.>>
Religion et institutions jusqu'aux Trois Royaumes.>>
Silla unifié.>>
La dynastie de Koryo (918-1392).>>
La dynastie des Yi.>>
Les purges de lettrés et les luttes de faction.>>
Les invasions japonaises.>>
Les invasions mandchoues.>>
La Corée après les invasions.>>
L'agression étrangère contre la Corée.>>
La culture de la dynastie des Yi.>>
La Corée sous la domination japonaise.>>
De la Corée japonaise à la Corée du Sud.>>
De l'alternance démocratique à la mondialisation.>>


A noter que l'association France Corée propose une histoire de la Corée sur son site à l'adresse suivante : http://assoc.wanadoo.fr/france-coree/histoire/k_hist_w.html

 

1) Tangun le premier coréen.

L'homo erectus puis l'homo sapiens ont peuplé la péninsule coréenne pendant le paléolithique. Le néolithique est marquée par l'arrivée d'une population mongoloïde qui va rapidement assimiler les autochtones. Ces nouveaux Coréens sont à l'origine de la poterie et pense-t-on d'un début d'agriculture dans la péninsule.

C'est au Xème siècle av JC qu'arrive une nouvelle vague d'immigrants, les Yemaeks, originaires du Nord-est de la Chine qui introduiront le bronze et l'utiliseront pour développer l'agriculture. L'augmentation de la production et l'arrivée de cette caste de nomade déclenche la structuration du pays en aristocratie et plèbe. Fondation de cités, érection de dolmens témoignent de l'évolution politique du pays.

Le fer progressivement s'impose en Corée en provenance de Chine, d'abord importé puis fabriqué localement ; il renforce la structuration politique et sociale en accroissant puissance des armes et surplus alimentaire. C'est pendant l'âge de fer que les chroniques chinoises mentionnent pour la première fois Choson. Si dans le sud les habitants se sont sédentarisés et cultivent la terre, le nord abrite ceux qui n'ont pas renoncé au nomadisme et à la chasse. Le territoire s'étend jusqu'en Mandchourie et est occupé par des familles de tribu dont les Yemaek dont on suppose qu'ils seront à l'origine de Ko Choson.

2) Ko Choson.

Apparu au 4ème siècle av JC, entre le Liao et le Taedong, Kochoson doit son avènement au bronze et au cheval qui assurèrent son développement. L’arrivée d’un certain Wiman, second de l’armée du royaume de Yan défaite par les Chinois Han en -195, marque une évolution majeure dans l’histoire de Kochoson. Le commerce avec la Chine commença, les tribus s’unirent sous la houlette de Wiman et créèrent un royaume dans la plaine du Taedong. Mais du fait de leur opposition à la Chine et de leur alliance aux Xiong Nu, ennemis jurés de celle-ci, l’empereur chinois Wudi s’attaque au royaume coréen et en eut raison au bout de trois tentatives en -108. Cliquez pour la carte Kochoson en taille originale !

La conquête permit l’établissement de quatre commanderies : Nangnang (Lolang, bassin du Taedong, ex royaume de Wiman), Imdun (Lintun, Hamkyeong sud), Hyeondo (Xuantu, Yalu-Tongjia) et Chinbeon (Zhenfan sous Nangnang et jusqu’au Han). Chinbeon et Imdun ne durèrent que vingt-cinq ans, soit dix de moins que Hyeondo. Seule Nangnang dura quatre siècles et à son apogée comptait quatre cent mille habitants. Les Chinois eurent comme politique de diviser les tribus indigènes afin de maintenir leur emprise.

Le royaume de Koguryo se montra d’emblée très hostile à la présence chinoise qui astucieusement utilisaient les structures tribales comme relais de son pouvoir loin de ses bases mais les minaient dans l’administration centrale. L’implantation de Nangnang eut pour effet de repousser en Mandchourie ou dans la péninsule certains des habitants qui créèrent des Etats : Puyo, Koguryo, Ye, Okcheo, Chin (Mahan (=Cholla, Kyonggi et Chungcheon), Chinhan, Pyeonhan (=Kyongsang).

Chin apparut dans l’histoire lorsque la Corée de Wiman existait encore, rapidement soumis par le commerce chinois, Chin resta morcelé politiquement et sous influence malgré sa population et sa richesse agricole.

Puyo apparaît pour la première fois au 4ème siècle av JC au nord de la principauté des Yan. Après 3 siècles d’absence dans les chroniques chinoises, une alliance entre la Chine et Puyo se nouent contre Koguryo et les Xiong Nu jusqu'à son déclin au 4ème siècle absorbé par Koguryo.

3) Les trois Royaumes.

Fondé officiellement en -37, Koguryo serait issu de tribus de Puyo habitant la plaine du Sungari. Ils se seraient fondu avec les peulples pré existants Yemaeks. Les luttes contre les commanderies chinoises furent le ciment de Koguryo et l’exutoire d’une société très porté sur les activités guerrières. Ses harcèlement et son expansionnisme préservèrent la Corée d’une domination chinoise complète. Le refus de s’allier avec la Chine contre les Xiong-Nu, aboutit au retrait de la Chine d’une grande partie de la Mandchourie (jusqu’au Liao) qui échut à Koguryo. Au sud la commanderie de Lolang représentait le principal enjeu de la rivalité avec les Chinois. Ce n’est qu’en 313 que Koguryo réussit à chasser de Corée une Chine soumise au chaos de la fin de la Dynastie Han. Ce n’est qu’avec l’avènement de la dynastie Quin que l’affrontement sino-coréen s’estompe au profit d’autres luttes.

Koguryo se trouve en effet confronté au sud à Paekche. Paekche aurait été fondé par des immigrants de Puyo et comme les nobles de Koguryo se seraient imposés aux autochtones de la plaine du Han. D’abord alliés des Chinois de Lolang pour se préserver de Koguryo et conquérir le sud (Mahan), ils résistèrent en 246 à une offensive chinoise. Au quatrième siècle, Paekche reçut l’apport de réfugiés chinois de Lolang et de Puyo suite à la disparition de leurs Etats. En 369, il annexa la commanderie de Daifang (au sud de Lolang) et le pays Mahan au sud.

Silla, n’apparaît en tant qu’état constitué qu’au milieu du 3ème siècle dans la région de Kyongju sous l’œil bienveillant de Koguryo qui à l’époque craignait plus la montée en puissance de Paekche.

Héritiers des pays Pyonhan, la ligue de Kaya regroupaient les tribus du bassin du Naktong. Leurs relations étroites avec la tribu japonaise des Wa proviendrait d’un lien de parenté. Très commerçante, la ligue occupait pourtant une situation difficile entre un Silla naissant et un Paekche expansionniste. En 562 la fédération disparut sous les attaques répétées de Silla. Kaya s’était allié aux Japonais pour résister à Silla.

Très rapidement les luttes entre les 3 Royaumes s’engagèrent. Dès 371, Paekche attaqua Koguryo, puis au 5ème siècle s’allie avec Silla contre Koguryo. C’est en 551 qu’au cour d’une offensive commune contre Koguryo que Silla trahit Paekche et s’empare de l’intégralité du bassin du fleuve Han. Dépité, Paekche s’allie avec Koguryo pour faire face à Silla. En 567 Kaya est complètement éliminé alors qu’au Nord Silla atteint la région du Hamkyong pris sur Koguryo.

Une fois la commanderie de Lolang tombée, Koguryo eut les mains libre pour réduire Puyo (346) et s’emparer du bassin du fleuve Han (475) aux dépens de Paekche. Mais l’avènement en 597 de la dynastie chinoise Sui crée une opportunité pour Paekche qui s’alliant aux Chinois Sui attaqueront vingt ans durant Koguryo. En 618, les Tang prennent le relai contre Koguryo.

Koguryo occupé avec les attaque chinoises, Paekche s’en prend à Silla qui doit reculer ses frontières occidentales sur le Naktong. La haine vouée par Paekche à Silla en faisait l’allié de Koguryo au sud, les Tangs comprirent rapidement l’avantage qu’il pourrait tirer d’une alliance avec Silla. Prendre à revers Koguryo après avoir éliminé Paekche semblait la meilleure stratégie dans la péninsule.

En 660, une attaque combinée de la flotte chinoise et de l’armée de Silla a raison d’un Paekche divisé et miné de l’intérieur. Même destin pour Koguryo en 668 dont la capitale Pyongyang est mise à sac. Après deux ans de résistance, le dernier prétendant au trône de Koguryo fait allégence à Silla.

Il fallut ensuite huit années à Silla pour expulser les Chinois de la péninsule en jouant sur le nationalisme coréen blessé par la création de commanderies chinoises sur les territoires conquis. Mais des possessions initiales de Koguryo, Silla ne récupéra que les parties correspondants à l’actuelle Corée du Nord. Saigné à blanc Silla ne put étendre son influence sur la partie mandchoue de Koguryo.

4) Evolution de la société...

La religion des premiers Coréens est le chamanisme dont certaines formes ont subsisté jusqu'à aujourd'hui malgré l'arrivée du bouddhisme et du christianisme. Très proche des traditions sibériennes et mongoles, le chamanisme coréen reprend les principes de l'anamisme selon lesquels tout élément naturel, montagnes, rivières, soleil, lune disposerait d'une âme qu'il conviendrait de s'attacher par des incantations et sacrifices.

Du quatrième siècle au sixième siècle ap JC apparaît le bouddhisme, qui après s'être introduit en Chine redescend progressivement les trois Royaumes puis le Japon par l'intermédiaire de moines coréens. Le royaume de Silla fut le plus réfractaire à la nouvelle religion qui fut bien accueillie à Koguryo et Paekche. L'influence centralisatrice, unificatrice, les notions de paradis et d'enfer d'après la conduite terrestre ne pouvaient que séduire un pouvoir politique en quête de contrôle.

Le confucianisme n'était pas aussi influent en Corée qu'en Chine à la même époque, ce n'est que pendant la dynastie Choseon qu'il prendra réellement son essor dans la péninsule. Néanmois dès 372, Koguryo fonde une académie confucianiste destinée à former ses fonctionnaires.


Sur le plan politique, le pouvoir royal attribué après des élections parmi les chefs de tribus devint dans les différents royaumes héréditaires. Il s'accompagna de la création d'administrations sur le modèle chinois. Celle-ci absorba progressivement les potentats locaux en les transformant en fonctionnaires au service du royaume. Dans le royaume de Silla on poussa encore plus loin le système de stratification sociale. Le système des 'os' déterminait les fonctions éligibles ainsi que le rang social de l'individu. Il s'agissait d'un système très rigide de caste.


5) Silla unifié.

La Corée unifiée sous l'égide de Silla est amoindrie. Tous les territoires au nord d'une ligne Taedong-Wonsan ne sont plus coréens. L'importance de l'unification réside dans l'homogénéisation politique et culturelle de la Corée qui s'est en partie fondée sur le rejet commun de la Chine occupante.

Silla recompose rapidement l'organisation administrative du nouveau royaume selon ses propres schémas. Les nobles de Koguryo et Paekche ralliés à Silla entrent dans le système des os (pas systématiquement) ou deviennent fonctionnaires. Ceux-ci sont rémunérés en terre, tout comme les nobles et le clergé bouddhiste qui reçoivent de nombreuses terres et esclaves à la suite de la réunification. Non héréditaires ces terres appartenaient théoriquement à l'Etat.

L'allégeance à la Chine des Tang, l'échec de la campagne contre l'état de Parhae et le calme relatif des relations avec le Japon permit une période de paix propice au développement culturel mais aussi aux luttes de pouvoir internes qui s'aggravèrent à partir de la fin du huitième siècle. Devenu enjeu plus qu'autorité, la royauté n'est plus qu'un titre sans pouvoir réel.

En 900 Paekche postérieur est fondé, soit un an avant Koguryo postérieur. Les 3 royaumes sont recréés par des 'seigneurs de la guerre', c'est Wang Kon qui en 936 finit par réunifier la Corée sous la nouvelle dynastie qu'il crée d'après le nom de Koguryo : Koryo. Cette nouvelle dynastie s'appuie sur les structures de Silla, son dernier roi notamment épouse l'une des filles du vainqueur, les nobles se trouvent confirmés dans leurs prérogatives sous réserve de soumission. Une école confucianiste est également créée pour renforcer l'absolutisme qui prévaut au début de l'unification, l'importation du confucianisme de Chine permettait de lutter contre les luttes de clan issues du systèmes des os.

C'est également sous Silla, qu'apparait l'utilisation des caractères chinois pour rédiger en coréen. Parmi les vestiges de Silla, on trouve à Kyongju, Pulguksa, Sokkuram, Chomsongdai, Anapchi... La littérature coréenne n'est pas en reste car pour la première fois on trouve trace d'écrits typiquement coréens : les Hyangga, sortes de poèmes sacrés incatatoires.


L'état de Parhae fut constitué par une partie de la noblesse de Koguryo qui refusait la domination de Silla. Etabli sur le territoire mandchou de l'ancien Puyo, il résista en 733 à une offensive Tang et Silla puis bénéficia d'une paix relative avec ses voisins avant de succomber sous les coups des Khitans en 926.

6) La dynastie Koryo.

Sous la férule de Wang Kon, Koryo est créé, mettant fin à la période dite des 3 royaumes postérieurs en 935 avec la disparition de Paekche postérieur. L'expansion vers le nord permet d'atteindre la région de Hamhung et les rives du Chongchon mais se heurte à la présence des Khitans. Ce n'est que progressivement que la dynastie rebatit les fondations socio économiques, en intégrant d'abord les élites déchues puis en réformant. En l'an 1000, la mutation est achevée pour l'essentiel mais la royauté restait affaiblie par l'existence de potentats locaux que les rois devait s'attacher par la conciliation ou les mariages. Création d'un concours de fonctionnaires, confucianisme gouvernemental, sinisation font partie des acquis de l'époque.

En 1170, un coup d'état militaire évinça les fonctionnaires civils du pouvoir et une période de luttes de factions militaires et de révoltes paysannes s'instaura pendant un siècle. Les divisions coréennes servirent l'envahisseur mongol dans les premières années du 13ème siècle.

La puissance mongole commence à se développer au début du 13ème siècle. D'abord indirectes (tribus Khitans défaites refoulées dans la péninsule par les Mongols, tribus à verser aux Jins chinois), les conséquences des méfaits mongols touchèrent ensuite la Corée elle-même. Jusqu'en 1219 les relations avec les Mongols sont conciliantes, une alliance contre les Khitans pour les chasser de Corée se solde par un succès. Mais les Mongols exigent un tribut.

Peu à peu les exigences des Mongols deviennent plus importantes au cours des deux première décennies, en 1231 débutent les invasions mongoles. L'an suivant la reddition du roi était signée ; un 'résident' mongol prit ses quartier à Kaesong. La première fuite du roi sur l'île de Kanghwa déclenche la seconde invasion en 1232 qui prit cours suite à la mort de son général. En 1235, la troisième invasion permet aux Mongols d'installer en Corée des garnisons permanentes, les pillages et destructions deviennent permanents. Le roi refuse de quitter son sanctuaire de Kanghwado et résiste aux exigences mongoles. En 1254, 200 000 coréens sont déportés lors de la quatrième et dernière invasion. Ce fut la plus meurtrière et destructrice (perte du Tripitaka notamment). Le roi refuse de revenir tant que les troupes mongoles occupent la péninsule mais en 1258 il cède. Pourtant Kaegyong ne recevra la cour qu'en 1270. La soumission aux Mongols est sévère outre les humiliations protocolaires et vestimentaires, le nord de la Corée devient terre de colonie, Chejudo est réquisitionné pour abriter des haras, le pouvoir est géré par un résident mongol qui fait et défait les règnes selon le bon vouloir de la cour de Pékin. En 1274, la Corée devient la base d'invasion du Japon. Après des premiers succès, les kamikaze sauvèrent le Japon des Mongols. En 1281 la seconde invasion est également stoppée par une tempête.

A partir de la seconde moitié du 14ème siècle, la Corée va profiter de l'affaiblissement de l'empire mongol pour s'émanciper. Cette période est marquée par les invasions de Turbans rouges, rebelles chinois qui ravageront le pays en 1360. Yi Song-Gye commence son ascension grâce à ses victoires consécutives contre les Mongols et les Djourchet en 1364. La dynastie périclite, le roi est sous l'influence d'un moine (Sin Ton), l'avènement des Ming empêche les Coréens de reprendre les terres de Koguryo en Mandchourie ce qui n'empêche pas la Corée de reconnaître la nouvelle dynastie. Mais de 1374 à 1388, la faction mongole récupère le pouvoir après avoir assassiné le roi pro-Ming, bientôt elle paie tribut aux Ming (1384). C'est la décision chinoise de créer une commanderie dans le Hamkyong qui présida à la création d'une troupe que Yi Song-Gye fort de son charisme retourna à son avantage afin de déposer la dynastie Koryo. Purges et réformes agraires suivirent pour renforcer l'emprise du putschiste sur le royaume.

Les attaques des pirates japonais sur les côtes coréennes remontaient au 13ème siècle mais prirent une proportion inquiétante le siècle suivant. Les zones côtières furent laissées en friche, le transport du grain était compromis. L'impuissance du bafuku décida la réduction des repaires de pirates après plus d'un siècle de méfaits. La riposte s'organise sous l'impulsion de Yi Song-Gye qui gagnera ses lettres de noblesse dans cette lutte.

Le bouddhisme coréen connut son apogée sous Koryo. Intimement lié au pouvoir, le clergé jouissait d'une grande influence et richesse. Introduit pendant Silla, le confucianisme prit de l'importance pendant Koryo grâce notamment au système des examens. Une nouvelle caste de fonctionnaires d'origine modeste et dévoué à l'Etat prit forme et finit par s'opposer à l'élite en place. Nombreux furent ceux qui partaient étudier en Chine d'où ils rapportèrent le néo-confucianisme.

7) La dynasite des Yi.

Le 5 août 1392, Yi Song-Gye monte sur le trône et fonde deux ans plus tard Hanyang qui deviendra Seoul. Les caractéristiques de la nouvelle dynastie sont le néo-confucianisme et une bureaucratie confucéenne, les luttes de factions et les troubles de succession et la réforme agraire.

Dès la première succession, les intrigues et meurtres débutèrent. Le roi Taejong succède à son père non sans avoir assassiné trois de ses frères ou demi-frères, mais c'est un roi énergique qui consolide la dynastie par des réformes. Son fils lui succède et monte sur le trône en tant que Sejong. Son règne constitue l'âge d'or de la dynastie sur les plans économiques, politiques, culturels et scientifiques. L'expansion jusqu'au Yalou est acquise contre les Djourchets, des colons sont installés, les pirates de Tsushima sont vaincus. La forte bureaucratie dont les bases idéologiques sont le confucianisme concourre puissamment au succès de la dynastie. L'orthodoxie confucéenne s'applique jusqu'au roi, les règles sociales sont strictes et ne laissent guère de place à l'évolution sociale.

Cest l'un de ses fils qui lui succéda après avoir évincé frère et neveu du trône. Il marginalisa le Hangul et fait rare sous les Yi favorisa le bouddhisme. Songjong petit fils de Sejo connut la période littéraire la plus riche de la dynastie. Reste le règne du prince Yongsan qui fut déposé par la cour en raison de ses excès.

8) Les purges de lettrés.

A la fin du 15ème siècle, une faction de jeunes lettrés rigoureusement néo-confucianiste et écartés du pouvoir entreprit de noyauter le royaume et s'opposa à l'establishment. En 1498 et 1504 deux purges de ces lettrés (Sallim) réduisirent leur influence qu'ils retrouvèrent après la déposition de Yonsangun. Aussi une nouvelle purge en 1519, puis en 1545 mit fin à ce mouvement.

Les luttes de faction continuèrent cependant afin d'arracher les lucratifs postes de fonctionnaires. Déterminés par les liens d'amitié ou de parenté, ces factions devinrent héréditaires et luttèrent jusque dans les heures les plus noires de l'histoire coréenne.

9) Les invasions japonaises.

Hideyoshi ayant accompli l'unification du Japon, projeta d'envahir la Chine par la Corée. L'indécision et in fine le refus d'aider le Japon donna le prétexte à l'invasion en 1592. Les troupes terrestres ne rencontrèrent aucune résistance significative les premiers temps. La flottte coréenne s'affairait à couper les voies maritimes avec l'archipel nippon. En 1593 les Chinois intervinrent après avoir essuyé la perte de leur premier corps expeditionnaire. Après la reconquête de la partie septentrionale, ils envoyèrent une ambassade proposant non explicitement la moitié sud au Japon. Hideyoshi accepta la paix compte tenu de sa précarité militaire dans la péninsule.

En 1597, la seconde invasion fut rapidement contrecarrée par les troupes chinoises et coréennes et les combats restèrent localisés au sud jusqu'au retrait des japonsais en 1598 après la mort d'Hideyoshi.

10) Les invasions mandchoues.

La fin du 16ème voit l'unification des tribus Djourtchet sous la férule de Nurhachi. Profitant de l'invasion japonaise, il attaque les chinois de Mandchourie. En 1616, il se déclare Khan ce qui déclenche l'invasion en 1619 par les Chinois et Coréens contre le royaume. Après l'échec de l'invasion, les combats continuent avec le soutien limiité de la Corée toujours en proie aux luttes intestines dont l'un des enjeux est la participation au conflit. En 1625, les Djourchets assoient leur domination en Mandchourie et en 1627 envahissent la Corée. Rapidement les Coréens dont les armées sont une fois de plus incompétentes, plient et cèdent. Ce n'est qu'en 1637 qu'ils se rebellent mais la reconquête des Mandchoues est fulgurante. Le roi doit se prosterner 9 fois devant le souverain mandchou et lui remettre les lettres patentes le nommant roi de Corée.

Le déclin de la dynastie Choseon fut dès lors consommé. L'incurie des politiques et des généraux tout comme l'apparition de guérilleros (troupes de la justice) émanant du peuple finirent par décrédibiliser le régime et la classe dirigeante.

11) La Corée après les invasions.

La Corée à l'issue des invasions japonaises et mandchoues se replia sur elle-même. Plusieurs mouvements luttèrent à leur façon à l'orthodoxie néo-confucéenne qui régentait la vie intellectuelle du pays. Le Silhak tenta d'ouvrir le royaume aux sciences occidentales encore inconnues des Coréens. Du 17ème siècle au au milieu du 18ème, le mouvement prend son essor et reste la principale source de découverte pendant un siècle dès lors. Le mouvement Tonghak, mélange de néo-confucianisme et de taoïsme, est l'émanation d'un homme charismatique Ch'oe Che-U qui sera rapidement arrêté et exécuté par les autorités inquiètes de l'importance prise par son mouvement religieux. Fondé sur le rejet de l'Occident, du catholicisme et exploitant la xénophobie ambiante, il rassurait la population à l'heure ou l'empire chinois subissaient les assauts européens. Néanmoins, le Tonghak critiquait l'organisation et l'inégalité de la société coréenne. Le catholicisme est introduit en Corée par des fonctionnaires qui ont découvert à Pékin la religion. Malgré les persécutions dont ils sont l'objet, l'Eglise de Corée se développe mais reste marquée par son origine étrangère et son opposition aux préceptes confucéens dominant à l'époque.

12) L'agression étrangère contre la Corée.

Jusqu'à la fin du 19ème siècle la Corée conserve une attitude rigoureusement conservatrice et isolationniste. Jusqu'en 1866 où le massacre de l'équipage du navire américain General Sherman et l'échec d'une expédition punitive française posent la question coréenne à l'impérialisme des nations occidentales. Or la Corée connaît depuis 1849 des problèmes de succession, la lutte des clans n'en devient que plus vive. Kojong, enfant couronné à l'âge de douze ans, n'est choisi qu'en raison de son origine sociale obscure. Son père assure la régence et se révèle un formidable homme d'état qui ne sera connu par la suite que par son titre : Taewongun. Réformes de l'armée, du recrutement des fonctionnaires, de l'économie, reconstruction dispendieuse de Kyongbokkung lui aliènent pourtant le peuple et les classes dirigeantes. La reine choisie par le Taewongun devint pourtant sa principale ennemie.

L'impérialisme japonais se manifeste en Corée dès 1875 par l'incident du navire Unyo. Le Taewongun en profite pour revenir au pouvoir, perdu au profit du clan de la reine Min peu de temps auparavant. Le traité signé en 1876 ouvrit les trois principaux ports coréens Wonsan, Pusan et Inchon. Le clan Min devint pro-Chinois principalement pour s'opposer au Taewongun favorable à l'isolationnisme. Quant au roi, son pouvoir était instrumentalisé par l'un ou l'autre des clans. Une mutinerie de soldats de la capitale, les massacres de Japonais et la fuite de la reine Min donnèrent le prétexte à l'occupation de la péninsule par 5 000 soldats chinois. La Chine réaffirmait son autorité alors que le Japon négociait un second traité lui donnant droit notamment à positionner 300 hommes à Seoul. Le gouvernement coréen pour contrebalancer l'influence japonaise multiplie les traités avec les nations occidentales. Le Taewongun kidnappé par les Chinois disparait de la vie politique. Un coup d'état pro-japonais et la réaction importante chinois (notamment contre les Japonais) aboutirent à l'évacuation des troupes étrangères en Corée (jusqu'à l'île de Komundo, base britannique en 1887).

Dans un contexte où les produits chinois et japonais concurrencent l'économie coréenne, où les impôts excessifs frappent le peuple déjà affecté par la famine de 1892 et où l'interdiction de la religion Tongak est réaffirmée, éclate une révolte paysanne en 1894. Celle-ci sera rapidement réprimée à l'aide de contingents japonais et chinois. Le refus de l'ultimatum lancé par les Japonais amorce le conflit entre Japonais et Chinois en juillet 1894. L'année suivante le traité de Shimonoseki est signé. Les puissances occidentales font renoncer Tokyo au Liaodong mais avalise la main mise japonaise sur la Corée.


L'influence du conquérant ne tarde pas à se concrétiser, le Taewongun est écarté malgré son adhésion aux réformes sociales et économiques. La reine Min est assassinée en 1895 par les Japonais car elle était favorable à la faction pro-russe qui bénéficiait d'une influence croissante au point en 1896 d'accueillir le roi dans sa délégation au nez et à la barbe des Japonais. Parallèlement So Chaep-Il multiplie les résistances aux impérialismes russes et nippons. Face à la Russie, Tokyo et Londres se lient d'un pacte en 1902 reconnaissant les droits japonais sur la Corée notamment. Après une dernière négociation en 1904 pour se partager la zone Mandchourie-Corée, la guerre éclate et tourne à l'avantage des Japonais à terre et sur les mers en 1905. La même année la Corée est mise sous protectorat, elle perd sa souveraineté internationale. En 1907, Kojong est déposé au profit de son fils pour avoir voulu sensibiliser vainement les puissances européennes à la situation du royaume. Trois ans plus tard, Sunjong renonçait à son trône, la Corée devint colonie.

13) La culture de la dynastie des Yi.

Elle se manifeste en premier lieu par la poésie : l'exercice de style qu'est le sijo, le genre plus libre et réaliste (à la fin de la dynastie seulement) Kasa ou le genre populaire Chapka. Au 17ème siècle, le roman écrit en Hangul apparaît et devient l'un des vecteurs de la critique sociale. Le pansori en reprend de nombreux. Paysages, scènes de genre, animaux, personnages célèbres sont les plus souvent choisis comme thèmes de la peinture classique coréenne dont certains aspects touchent à l'abstraction. L'architecture reste essentiellement profane en raison de l'ostracisme d'état dont souffre le bouddhisme.

14) La Corée sous la domination japonaise.

La prise en main de la Corée après 1905 débuta notamment par l'introduction d'une nouvelle monnaie sous contrôle du Japon. L'assainissement de la monnaie fiduciaire se fit au détriment des Coréens du fait du poids des contrefaçons dans la masse monétaire. Peu à peu, les terres du roi et de l'Etat furent confisquées sous divers prétextes. La modernisation de l'agriculture permit l'exportation massive de riz vers le Japon au détriment de la consommation nationale. La main basse sur l'économie coréenne s'accompagna d'une industrialisation destinée à approvisionner le Japon mais aussi d'un développement des infrastructures afin d'en faciliter l'intrégration.

La mort du roi Kojong en fin février 1919 donna une occasion aux souverainistes d'organiser un mouvement de foule le 1er mars qui se solda par une répression sanglante par les autorités japonaises dans l'indifférence du monde.

La manifestation incita néanmoins l'empire à atténuer les signes visibles de sa domination. Pendant les années 20, à la faveur de cette relative liberté culturelle se développa la nouvelle littérature coréenne et d'autres mouvements culturels de résistance passive et de réaffirmation de la coréanité.

A partir de 1937, le Japon changea radicalement de politique et s'attacha à assimiler la Corée de gré ou de force.

La résistance coréenne prit tout d'abord la forme d'un gouvernement en exil d'inspiration républicaine sous l'égide de Syngman Rhee. Mais elle se manifesta également par des attentats épars et disparates ou par des troupes organisées qui entretinrent une guérilla à partir de la Mandchourie tout au long de l'occupation.

15) De la Corée japonaise à la Corée du Sud. NEW

A la libération les vainqueurs du Japon se partagèrent la péninsule de part et d'autre du 38ème parallèle. Si l'activité politique bouillonnait au nord comme au sud, la réalité du pouvoir n'en demeurait pas moins aux mains des armées d'occupation qui se chargèrent de la question coréenne lors d'une série de conférences qui aboutirent à une impasse mi 1946. En 1948, après le refus des soviétiques d'organiser des élections nationales, la zone sud se dota d'une assemblée et proclama la république de Corée. Elle dut rapidement faire face aux guérillas provinciales avant que la guerre civile n'éclate en juin 1950.

En un mois toute la péninsule, le réduit de Pusan excepté, est envahi. Le débarquement à Inchon et les bombardements massifs américains reversent la situation, le nord est occupé ce qui déclenche l'intervention de la Chine communiste. Elle repousse les combats au 38ème parallèle après une dernière contre offensive des forces de l'ONU.

La politique de l'après guerre fut marquée par le clientélisme et la corruption du gouvernement de Sungman Rhee dans un contexte de misère économique. En 1960 les manifestations ont raison du régime à qui succède brièvement une expérience démocratique. Celle-ci fut renversée par un coup d'état militaire en raison des troubles dans le pays. Park Chung Hee se fit élire président et dirigea la Corée d'une main de fer. Il normalisa les relations avec le Japon, prit une part active dans la guerre du Viet-Nam et permit un premier pas vers un rapprochement avec le Nord au début des années 1970. La république Yushin et sont cortège de répression et de censure ne fit qu'exacerber le ressenti des Coréens contre un régime dictatorial et un système économique pesant. Park Chung Hee disparaît en 1979 sous les coups de revolver du directeur de la KCIA dans des circonstances pour le moins obscures. La période de transition qui suivit fut écourté par un putsch de la sécurité militaire qui propulsa au pouvoir Chun Doo-Hwan. Son successeur Roh Tae Woo remporta les premières élections au suffrage universel direct démocratique en 1988 juste avant les jeux olympiques de Seoul qui permit la démocratisation du pays.

16) De l'alternance démocratique à la mondialisation. NEW

Roh Tae-Woo préside la Corée de 1988 à 1993, la fin de la guerre froide illustrée par les réconciliations avec la Russie puis la Chine populaire a été précédée par la réussite des JO de Séoul en 1988. Néanmoins, la démocratisation reste superficielle et la corruption endémique. L'agitation estudiantine en découlant incommode les dirigeants qui libèrent des centaines de prisonniers politiques pour apaiser la situation.

Kim Young-Sam est élu à la suite de son mentor et en partie grâce à ses subsides. La Corée accède au rang officiel de pays développé : elle entre dans le cercle de l'OCDE mais les problèmes économiques et la crise pointent. Les faillites se succèdent et la crise financière de 1997 signe la fin du 'miracle économique'.

L'élection de Kim Dae-Jung militant démocratique historique de la scène politique sud-coréenne marque une nouvelle ère. Assainissement du secteur financier, réduction du poids des Chaebols, promotion des investissements étrangers sont au programme approuvé par le FMI, sauveteur d'une Corée en quasi cessation des paiements.

La rencontre historique entre Kim Dae-Jung et Kim Jong-Il à Pyongyang a relancé les espoirs de réunification avec le Nord. Mais le précédent allemand a fait réfléchir des Sud-coréens déjà frappés par la crise et dont la plupart n'ont jamais connu le Nord de la péninsule.

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