1)
Tangun le premier coréen. L'homo erectus
puis l'homo sapiens ont peuplé la péninsule coréenne
pendant le paléolithique. Le néolithique est marquée par
l'arrivée d'une population mongoloïde qui va rapidement assimiler
les autochtones. Ces nouveaux Coréens sont à l'origine de la poterie
et pense-t-on d'un début d'agriculture dans la péninsule. C'est
au Xème siècle av JC qu'arrive une nouvelle vague d'immigrants,
les Yemaeks, originaires du Nord-est de la Chine qui introduiront le bronze
et l'utiliseront pour développer l'agriculture. L'augmentation de la
production et l'arrivée de cette caste de nomade déclenche la
structuration du pays en aristocratie et plèbe. Fondation de cités,
érection de dolmens témoignent de l'évolution politique
du pays. Le fer progressivement s'impose en Corée
en provenance de Chine, d'abord importé puis fabriqué localement
; il renforce la structuration politique et sociale en accroissant puissance
des armes et surplus alimentaire. C'est pendant l'âge de fer que les chroniques
chinoises mentionnent pour la première fois Choson. Si dans le sud les
habitants se sont sédentarisés et cultivent la terre, le nord
abrite ceux qui n'ont pas renoncé au nomadisme et à la chasse.
Le territoire s'étend jusqu'en Mandchourie et est occupé par des
familles de tribu dont les Yemaek dont on suppose qu'ils seront à l'origine
de Ko Choson. 2) Ko Choson. Apparu au 4ème
siècle av JC, entre le Liao et le Taedong, Kochoson doit son avènement
au bronze et au cheval qui assurèrent son développement. Larrivée
dun certain Wiman, second de larmée du royaume de Yan défaite
par les Chinois Han en -195, marque une évolution majeure dans lhistoire
de Kochoson. Le commerce avec la Chine commença, les tribus sunirent
sous la houlette de Wiman et créèrent un royaume dans la plaine
du Taedong. Mais du fait de leur opposition à la Chine et de leur alliance
aux Xiong Nu, ennemis jurés de celle-ci, lempereur chinois Wudi
sattaque au royaume coréen et en eut raison au bout de trois tentatives
en -108.  La
conquête permit létablissement de quatre commanderies : Nangnang
(Lolang, bassin du Taedong, ex royaume de Wiman), Imdun (Lintun, Hamkyeong sud),
Hyeondo (Xuantu, Yalu-Tongjia) et Chinbeon (Zhenfan sous Nangnang et jusquau
Han). Chinbeon et Imdun ne durèrent que vingt-cinq ans, soit dix de moins
que Hyeondo. Seule Nangnang dura quatre siècles et à son apogée
comptait quatre cent mille habitants. Les Chinois eurent comme politique de
diviser les tribus indigènes afin de maintenir leur emprise. Le
royaume de Koguryo se montra demblée très hostile à
la présence chinoise qui astucieusement utilisaient les structures tribales
comme relais de son pouvoir loin de ses bases mais les minaient dans ladministration
centrale. Limplantation de Nangnang eut pour effet de repousser en Mandchourie
ou dans la péninsule certains des habitants qui créèrent
des Etats : Puyo, Koguryo, Ye, Okcheo, Chin (Mahan (=Cholla, Kyonggi et Chungcheon),
Chinhan, Pyeonhan (=Kyongsang). Chin apparut dans lhistoire lorsque
la Corée de Wiman existait encore, rapidement soumis par le commerce
chinois, Chin resta morcelé politiquement et sous influence malgré
sa population et sa richesse agricole. Puyo apparaît pour la première
fois au 4ème siècle av JC au nord de la principauté des
Yan. Après 3 siècles dabsence dans les chroniques chinoises,
une alliance entre la Chine et Puyo se nouent contre Koguryo et les Xiong Nu
jusqu'à son déclin au 4ème siècle absorbé
par Koguryo.
3) Les trois Royaumes. Fondé
officiellement en -37, Koguryo serait issu de tribus de Puyo habitant la plaine
du Sungari. Ils se seraient fondu avec les peulples pré existants Yemaeks.
Les luttes contre les commanderies chinoises furent le ciment de Koguryo et
lexutoire dune société très porté sur
les activités guerrières. Ses harcèlement et son expansionnisme
préservèrent la Corée dune domination chinoise complète.
Le refus de sallier avec la Chine contre les Xiong-Nu, aboutit au retrait
de la Chine dune grande partie de la Mandchourie (jusquau Liao)
qui échut à Koguryo. Au sud la commanderie de Lolang représentait
le principal enjeu de la rivalité avec les Chinois. Ce nest quen
313 que Koguryo réussit à chasser de Corée une Chine soumise
au chaos de la fin de la Dynastie Han. Ce nest quavec lavènement
de la dynastie Quin que laffrontement sino-coréen sestompe
au profit dautres luttes. Koguryo se trouve en effet confronté
au sud à Paekche. Paekche aurait été fondé par des
immigrants de Puyo et comme les nobles de Koguryo se seraient imposés
aux autochtones de la plaine du Han. Dabord alliés des Chinois
de Lolang pour se préserver de Koguryo et conquérir le sud (Mahan),
ils résistèrent en 246 à une offensive chinoise. Au quatrième
siècle, Paekche reçut lapport de réfugiés
chinois de Lolang et de Puyo suite à la disparition de leurs Etats. En
369, il annexa la commanderie de Daifang (au sud de Lolang) et le pays Mahan
au sud. Silla, napparaît en tant quétat constitué
quau milieu du 3ème siècle dans la région de Kyongju
sous lil bienveillant de Koguryo qui à lépoque
craignait plus la montée en puissance de Paekche. Héritiers
des pays Pyonhan, la ligue de Kaya regroupaient les tribus du bassin du Naktong.
Leurs relations étroites avec la tribu japonaise des Wa proviendrait
dun lien de parenté. Très commerçante, la ligue occupait
pourtant une situation difficile entre un Silla naissant et un Paekche expansionniste.
En 562 la fédération disparut sous les attaques répétées
de Silla. Kaya sétait allié aux Japonais pour résister
à Silla. Très rapidement les luttes entre les 3 Royaumes
sengagèrent. Dès 371, Paekche attaqua Koguryo, puis au 5ème
siècle sallie avec Silla contre Koguryo. Cest en 551 quau
cour dune offensive commune contre Koguryo que Silla trahit Paekche et
sempare de lintégralité du bassin du fleuve Han. Dépité,
Paekche sallie avec Koguryo pour faire face à Silla. En 567 Kaya
est complètement éliminé alors quau Nord Silla atteint
la région du Hamkyong pris sur Koguryo. Une fois la commanderie
de Lolang tombée, Koguryo eut les mains libre pour réduire Puyo
(346) et semparer du bassin du fleuve Han (475) aux dépens de Paekche.
Mais lavènement en 597 de la dynastie chinoise Sui crée
une opportunité pour Paekche qui salliant aux Chinois Sui attaqueront
vingt ans durant Koguryo. En 618, les Tang prennent le relai contre Koguryo. Koguryo
occupé avec les attaque chinoises, Paekche sen prend à Silla
qui doit reculer ses frontières occidentales sur le Naktong. La haine
vouée par Paekche à Silla en faisait lallié de Koguryo
au sud, les Tangs comprirent rapidement lavantage quil pourrait
tirer dune alliance avec Silla. Prendre à revers Koguryo après
avoir éliminé Paekche semblait la meilleure stratégie dans
la péninsule. En 660, une attaque combinée de la flotte
chinoise et de larmée de Silla a raison dun Paekche divisé
et miné de lintérieur. Même destin pour Koguryo en
668 dont la capitale Pyongyang est mise à sac. Après deux ans
de résistance, le dernier prétendant au trône de Koguryo
fait allégence à Silla. Il fallut ensuite huit années
à Silla pour expulser les Chinois de la péninsule en jouant sur
le nationalisme coréen blessé par la création de commanderies
chinoises sur les territoires conquis. Mais des possessions initiales de Koguryo,
Silla ne récupéra que les parties correspondants à lactuelle
Corée du Nord. Saigné à blanc Silla ne put étendre
son influence sur la partie mandchoue de Koguryo. 4)
Evolution de la société... La religion des premiers
Coréens est le chamanisme dont certaines formes ont subsisté jusqu'à
aujourd'hui malgré l'arrivée du bouddhisme et du christianisme.
Très proche des traditions sibériennes et mongoles, le chamanisme
coréen reprend les principes de l'anamisme selon lesquels tout élément
naturel, montagnes, rivières, soleil, lune disposerait d'une âme
qu'il conviendrait de s'attacher par des incantations et sacrifices. Du
quatrième siècle au sixième siècle ap JC apparaît
le bouddhisme, qui après s'être introduit en Chine redescend progressivement
les trois Royaumes puis le Japon par l'intermédiaire de moines coréens.
Le royaume de Silla fut le plus réfractaire à la nouvelle religion
qui fut bien accueillie à Koguryo et Paekche. L'influence centralisatrice,
unificatrice, les notions de paradis et d'enfer d'après la conduite terrestre
ne pouvaient que séduire un pouvoir politique en quête de contrôle.
Le confucianisme n'était pas aussi influent en Corée qu'en
Chine à la même époque, ce n'est que pendant la dynastie
Choseon qu'il prendra réellement son essor dans la péninsule.
Néanmois dès 372, Koguryo fonde une académie confucianiste
destinée à former ses fonctionnaires.
Sur le plan politique, le pouvoir royal attribué après des élections
parmi les chefs de tribus devint dans les différents royaumes héréditaires.
Il s'accompagna de la création d'administrations sur le modèle
chinois. Celle-ci absorba progressivement les potentats locaux en les transformant
en fonctionnaires au service du royaume. Dans le royaume de Silla on poussa
encore plus loin le système de stratification sociale. Le système
des 'os' déterminait les fonctions éligibles ainsi que le rang
social de l'individu. Il s'agissait d'un système très rigide de
caste.
5) Silla unifié. La Corée
unifiée sous l'égide de Silla est amoindrie. Tous les territoires
au nord d'une ligne Taedong-Wonsan ne sont plus coréens. L'importance
de l'unification réside dans l'homogénéisation politique
et culturelle de la Corée qui s'est en partie fondée sur le rejet
commun de la Chine occupante. Silla recompose rapidement l'organisation
administrative du nouveau royaume selon ses propres schémas. Les nobles
de Koguryo et Paekche ralliés à Silla entrent dans le système
des os (pas systématiquement) ou deviennent fonctionnaires. Ceux-ci sont
rémunérés en terre, tout comme les nobles et le clergé
bouddhiste qui reçoivent de nombreuses terres et esclaves à la
suite de la réunification. Non héréditaires ces terres
appartenaient théoriquement à l'Etat. L'allégeance
à la Chine des Tang, l'échec de la campagne contre l'état
de Parhae et le calme relatif des relations avec le Japon permit une période
de paix propice au développement culturel mais aussi aux luttes de pouvoir
internes qui s'aggravèrent à partir de la fin du huitième
siècle. Devenu enjeu plus qu'autorité, la royauté n'est
plus qu'un titre sans pouvoir réel. En 900 Paekche postérieur
est fondé, soit un an avant Koguryo postérieur. Les 3 royaumes
sont recréés par des 'seigneurs de la guerre', c'est Wang Kon
qui en 936 finit par réunifier la Corée sous la nouvelle dynastie
qu'il crée d'après le nom de Koguryo : Koryo. Cette nouvelle dynastie
s'appuie sur les structures de Silla, son dernier roi notamment épouse
l'une des filles du vainqueur, les nobles se trouvent confirmés dans
leurs prérogatives sous réserve de soumission. Une école
confucianiste est également créée pour renforcer l'absolutisme
qui prévaut au début de l'unification, l'importation du confucianisme
de Chine permettait de lutter contre les luttes de clan issues du systèmes
des os. C'est également sous Silla, qu'apparait l'utilisation
des caractères chinois pour rédiger en coréen. Parmi les
vestiges de Silla, on trouve à Kyongju, Pulguksa, Sokkuram, Chomsongdai,
Anapchi... La littérature coréenne n'est pas en reste car pour
la première fois on trouve trace d'écrits typiquement coréens
: les Hyangga, sortes de poèmes sacrés incatatoires.
L'état de Parhae fut constitué par une partie de la noblesse de
Koguryo qui refusait la domination de Silla. Etabli sur le territoire mandchou
de l'ancien Puyo, il résista en 733 à une offensive Tang et Silla
puis bénéficia d'une paix relative avec ses voisins avant de succomber
sous les coups des Khitans en 926.
6) La dynastie
Koryo. Sous la férule de Wang Kon, Koryo est créé,
mettant fin à la période dite des 3 royaumes postérieurs
en 935 avec la disparition de Paekche postérieur. L'expansion vers le
nord permet d'atteindre la région de Hamhung et les rives du Chongchon
mais se heurte à la présence des Khitans. Ce n'est que progressivement
que la dynastie rebatit les fondations socio économiques, en intégrant
d'abord les élites déchues puis en réformant. En l'an 1000,
la mutation est achevée pour l'essentiel mais la royauté restait
affaiblie par l'existence de potentats locaux que les rois devait s'attacher
par la conciliation ou les mariages. Création d'un concours de fonctionnaires,
confucianisme gouvernemental, sinisation font partie des acquis de l'époque.
En 1170, un coup d'état militaire évinça les fonctionnaires
civils du pouvoir et une période de luttes de factions militaires et
de révoltes paysannes s'instaura pendant un siècle. Les divisions
coréennes servirent l'envahisseur mongol dans les premières années
du 13ème siècle. La puissance mongole commence à
se développer au début du 13ème siècle.
D'abord indirectes (tribus Khitans défaites refoulées dans la
péninsule par les Mongols, tribus à verser aux Jins chinois),
les conséquences des méfaits mongols touchèrent ensuite
la Corée elle-même. Jusqu'en 1219 les relations avec les Mongols
sont conciliantes, une alliance contre les Khitans pour les chasser de Corée
se solde par un succès. Mais les Mongols exigent un tribut. Peu
à peu les exigences des Mongols deviennent plus importantes au cours
des deux première décennies, en 1231 débutent les invasions
mongoles. L'an suivant la reddition du roi était signée ; un 'résident'
mongol prit ses quartier à Kaesong. La première fuite du roi sur
l'île de Kanghwa déclenche la seconde invasion en 1232 qui prit
cours suite à la mort de son général. En 1235, la troisième
invasion permet aux Mongols d'installer en Corée des garnisons permanentes,
les pillages et destructions deviennent permanents. Le roi refuse de quitter
son sanctuaire de Kanghwado et résiste aux exigences mongoles. En 1254,
200 000 coréens sont déportés lors de la quatrième
et dernière invasion. Ce fut la plus meurtrière et destructrice
(perte du Tripitaka notamment). Le roi refuse de revenir tant que les troupes
mongoles occupent la péninsule mais en 1258 il cède. Pourtant
Kaegyong ne recevra la cour qu'en 1270. La soumission aux Mongols est sévère
outre les humiliations protocolaires et vestimentaires, le nord de la Corée
devient terre de colonie, Chejudo est réquisitionné pour abriter
des haras, le pouvoir est géré par un résident mongol qui
fait et défait les règnes selon le bon vouloir de la cour de Pékin.
En 1274, la Corée devient la base d'invasion du Japon. Après des
premiers succès, les kamikaze sauvèrent le Japon des Mongols.
En 1281 la seconde invasion est également stoppée par une tempête. A
partir de la seconde moitié du 14ème siècle, la Corée
va profiter de l'affaiblissement de l'empire mongol pour s'émanciper.
Cette période est marquée par les invasions de Turbans rouges,
rebelles chinois qui ravageront le pays en 1360. Yi Song-Gye commence son ascension
grâce à ses victoires consécutives contre les Mongols et
les Djourchet en 1364. La dynastie périclite, le roi est sous l'influence
d'un moine (Sin Ton), l'avènement des Ming empêche les Coréens
de reprendre les terres de Koguryo en Mandchourie ce qui n'empêche pas
la Corée de reconnaître la nouvelle dynastie. Mais de 1374 à
1388, la faction mongole récupère le pouvoir après avoir
assassiné le roi pro-Ming, bientôt elle paie tribut aux Ming (1384).
C'est la décision chinoise de créer une commanderie dans le Hamkyong
qui présida à la création d'une troupe que Yi Song-Gye
fort de son charisme retourna à son avantage afin de déposer la
dynastie Koryo. Purges et réformes agraires suivirent pour renforcer
l'emprise du putschiste sur le royaume. Les attaques des pirates japonais
sur les côtes coréennes remontaient au 13ème siècle
mais prirent une proportion inquiétante le siècle suivant. Les
zones côtières furent laissées en friche, le transport du
grain était compromis. L'impuissance du bafuku décida la réduction
des repaires de pirates après plus d'un siècle de méfaits.
La riposte s'organise sous l'impulsion de Yi Song-Gye qui gagnera ses lettres
de noblesse dans cette lutte. Le bouddhisme coréen connut son apogée
sous Koryo. Intimement lié au pouvoir, le clergé jouissait d'une
grande influence et richesse. Introduit pendant Silla, le confucianisme prit
de l'importance pendant Koryo grâce notamment au système des examens.
Une nouvelle caste de fonctionnaires d'origine modeste et dévoué
à l'Etat prit forme et finit par s'opposer à l'élite en
place. Nombreux furent ceux qui partaient étudier en Chine d'où
ils rapportèrent le néo-confucianisme.
| 7) La dynasite des
Yi. Le 5 août 1392, Yi Song-Gye monte sur le trône
et fonde deux ans plus tard Hanyang qui deviendra Seoul. Les caractéristiques
de la nouvelle dynastie sont le néo-confucianisme et une bureaucratie
confucéenne, les luttes de factions et les troubles de succession et
la réforme agraire. Dès la première succession, les
intrigues et meurtres débutèrent. Le roi Taejong succède
à son père non sans avoir assassiné trois de ses frères
ou demi-frères, mais c'est un roi énergique qui consolide la dynastie
par des réformes. Son fils lui succède et monte sur le trône
en tant que Sejong. Son règne constitue l'âge d'or de la dynastie
sur les plans économiques, politiques, culturels et scientifiques. L'expansion
jusqu'au Yalou est acquise contre les Djourchets, des colons sont installés,
les pirates de Tsushima sont vaincus. La forte bureaucratie dont les bases idéologiques
sont le confucianisme concourre puissamment au succès de la dynastie.
L'orthodoxie confucéenne s'applique jusqu'au roi, les règles sociales
sont strictes et ne laissent guère de place à l'évolution
sociale. Cest l'un de ses fils qui lui succéda après avoir
évincé frère et neveu du trône. Il marginalisa le
Hangul et fait rare sous les Yi favorisa le bouddhisme. Songjong petit fils
de Sejo connut la période littéraire la plus riche de la dynastie.
Reste le règne du prince Yongsan qui fut déposé par la
cour en raison de ses excès. 8) Les
purges de lettrés. A la fin du 15ème siècle,
une faction de jeunes lettrés rigoureusement néo-confucianiste
et écartés du pouvoir entreprit de noyauter le royaume et s'opposa
à l'establishment. En 1498 et 1504 deux purges de ces lettrés
(Sallim) réduisirent leur influence qu'ils retrouvèrent après
la déposition de Yonsangun. Aussi une nouvelle purge en 1519, puis en
1545 mit fin à ce mouvement. Les luttes de faction continuèrent
cependant afin d'arracher les lucratifs postes de fonctionnaires. Déterminés
par les liens d'amitié ou de parenté, ces factions devinrent héréditaires
et luttèrent jusque dans les heures les plus noires de l'histoire coréenne.
9) Les invasions japonaises. Hideyoshi ayant accompli l'unification
du Japon, projeta d'envahir la Chine par la Corée. L'indécision
et in fine le refus d'aider le Japon donna le prétexte à l'invasion
en 1592. Les troupes terrestres ne rencontrèrent aucune résistance
significative les premiers temps. La flottte coréenne s'affairait à
couper les voies maritimes avec l'archipel nippon. En 1593 les Chinois intervinrent
après avoir essuyé la perte de leur premier corps expeditionnaire.
Après la reconquête de la partie septentrionale, ils envoyèrent
une ambassade proposant non explicitement la moitié sud au Japon. Hideyoshi
accepta la paix compte tenu de sa précarité militaire dans la
péninsule. En 1597, la seconde invasion fut rapidement contrecarrée
par les troupes chinoises et coréennes et les combats restèrent
localisés au sud jusqu'au retrait des japonsais en 1598 après
la mort d'Hideyoshi. 10) Les invasions mandchoues. La
fin du 16ème voit l'unification des tribus Djourtchet sous
la férule de Nurhachi. Profitant de l'invasion japonaise, il attaque
les chinois de Mandchourie. En 1616, il se déclare Khan ce qui déclenche
l'invasion en 1619 par les Chinois et Coréens contre le royaume. Après
l'échec de l'invasion, les combats continuent avec le soutien limiité
de la Corée toujours en proie aux luttes intestines dont l'un des enjeux
est la participation au conflit. En 1625, les Djourchets assoient leur domination
en Mandchourie et en 1627 envahissent la Corée. Rapidement les Coréens
dont les armées sont une fois de plus incompétentes, plient et
cèdent. Ce n'est qu'en 1637 qu'ils se rebellent mais la reconquête
des Mandchoues est fulgurante. Le roi doit se prosterner 9 fois devant le souverain
mandchou et lui remettre les lettres patentes le nommant roi de Corée. Le
déclin de la dynastie Choseon fut dès lors consommé. L'incurie
des politiques et des généraux tout comme l'apparition de guérilleros
(troupes de la justice) émanant du peuple finirent par décrédibiliser
le régime et la classe dirigeante.
11)
La Corée après les invasions. La Corée à
l'issue des invasions japonaises et mandchoues se replia sur elle-même.
Plusieurs mouvements luttèrent à leur façon à l'orthodoxie
néo-confucéenne qui régentait la vie intellectuelle du
pays. Le Silhak tenta d'ouvrir le royaume aux sciences occidentales encore inconnues
des Coréens. Du 17ème siècle au au milieu du 18ème,
le mouvement prend son essor et reste la principale source de découverte
pendant un siècle dès lors. Le mouvement Tonghak, mélange
de néo-confucianisme et de taoïsme, est l'émanation d'un
homme charismatique Ch'oe Che-U qui sera rapidement arrêté et exécuté
par les autorités inquiètes de l'importance prise par son mouvement
religieux. Fondé sur le rejet de l'Occident, du catholicisme et exploitant
la xénophobie ambiante, il rassurait la population à l'heure ou
l'empire chinois subissaient les assauts européens. Néanmoins,
le Tonghak critiquait l'organisation et l'inégalité de la société
coréenne. Le catholicisme est introduit en Corée par des fonctionnaires
qui ont découvert à Pékin la religion. Malgré les
persécutions dont ils sont l'objet, l'Eglise de Corée se développe
mais reste marquée par son origine étrangère et son opposition
aux préceptes confucéens dominant à l'époque.
12)
L'agression étrangère contre la Corée.
Jusqu'à la fin du 19ème siècle la Corée
conserve une attitude rigoureusement conservatrice et isolationniste. Jusqu'en
1866 où le massacre de l'équipage du navire américain General
Sherman et l'échec d'une expédition punitive française
posent la question coréenne à l'impérialisme des nations
occidentales. Or la Corée connaît depuis 1849 des problèmes
de succession, la lutte des clans n'en devient que plus vive. Kojong, enfant
couronné à l'âge de douze ans, n'est choisi qu'en raison
de son origine sociale obscure. Son père assure la régence et
se révèle un formidable homme d'état qui ne sera connu
par la suite que par son titre : Taewongun. Réformes de l'armée,
du recrutement des fonctionnaires, de l'économie, reconstruction dispendieuse
de Kyongbokkung lui aliènent pourtant le peuple et les classes dirigeantes.
La reine choisie par le Taewongun devint pourtant sa principale ennemie. L'impérialisme
japonais se manifeste en Corée dès 1875 par l'incident du navire
Unyo. Le Taewongun en profite pour revenir au pouvoir, perdu au profit du clan
de la reine Min peu de temps auparavant. Le traité signé en 1876
ouvrit les trois principaux ports coréens Wonsan, Pusan et Inchon. Le
clan Min devint pro-Chinois principalement pour s'opposer au Taewongun favorable
à l'isolationnisme. Quant au roi, son pouvoir était instrumentalisé
par l'un ou l'autre des clans. Une mutinerie de soldats de la capitale, les
massacres de Japonais et la fuite de la reine Min donnèrent le prétexte
à l'occupation de la péninsule par 5 000 soldats chinois. La Chine
réaffirmait son autorité alors que le Japon négociait un
second traité lui donnant droit notamment à positionner 300 hommes
à Seoul. Le gouvernement coréen pour contrebalancer l'influence
japonaise multiplie les traités avec les nations occidentales. Le Taewongun
kidnappé par les Chinois disparait de la vie politique. Un coup d'état
pro-japonais et la réaction importante chinois (notamment contre les
Japonais) aboutirent à l'évacuation des troupes étrangères
en Corée (jusqu'à l'île de Komundo, base britannique en
1887). Dans un contexte où les produits chinois et japonais concurrencent
l'économie coréenne, où les impôts excessifs frappent
le peuple déjà affecté par la famine de 1892 et où
l'interdiction de la religion Tongak est réaffirmée, éclate
une révolte paysanne en 1894. Celle-ci sera rapidement réprimée
à l'aide de contingents japonais et chinois. Le refus de l'ultimatum
lancé par les Japonais amorce le conflit entre Japonais et Chinois en
juillet 1894. L'année suivante le traité de Shimonoseki est signé.
Les puissances occidentales font renoncer Tokyo au Liaodong mais avalise la
main mise japonaise sur la Corée.
L'influence du conquérant ne tarde pas à se concrétiser,
le Taewongun est écarté malgré son adhésion aux
réformes sociales et économiques. La reine Min est assassinée
en 1895 par les Japonais car elle était favorable à la faction
pro-russe qui bénéficiait d'une influence croissante au point
en 1896 d'accueillir le roi dans sa délégation au nez et à
la barbe des Japonais. Parallèlement So Chaep-Il multiplie les résistances
aux impérialismes russes et nippons. Face à la Russie, Tokyo et
Londres se lient d'un pacte en 1902 reconnaissant les droits japonais sur la
Corée notamment. Après une dernière négociation
en 1904 pour se partager la zone Mandchourie-Corée, la guerre éclate
et tourne à l'avantage des Japonais à terre et sur les mers en
1905. La même année la Corée est mise sous protectorat,
elle perd sa souveraineté internationale. En 1907, Kojong est déposé
au profit de son fils pour avoir voulu sensibiliser vainement les puissances
européennes à la situation du royaume. Trois ans plus tard, Sunjong
renonçait à son trône, la Corée devint colonie.
13) La culture de la dynastie des Yi. Elle
se manifeste en premier lieu par la poésie : l'exercice de style qu'est
le sijo, le genre plus libre et réaliste (à la fin de la
dynastie seulement) Kasa ou le genre populaire Chapka. Au 17ème
siècle, le roman écrit en Hangul apparaît et devient l'un
des vecteurs de la critique sociale. Le pansori en reprend de nombreux. Paysages,
scènes de genre, animaux, personnages célèbres sont les
plus souvent choisis comme thèmes de la peinture classique coréenne
dont certains aspects touchent à l'abstraction. L'architecture reste
essentiellement profane en raison de l'ostracisme d'état dont souffre
le bouddhisme. 14) La Corée sous la
domination japonaise. La prise en main de la Corée après
1905 débuta notamment par l'introduction d'une nouvelle monnaie sous
contrôle du Japon. L'assainissement de la monnaie fiduciaire se fit au
détriment des Coréens du fait du poids des contrefaçons
dans la masse monétaire. Peu à peu, les terres du roi et de l'Etat
furent confisquées sous divers prétextes. La modernisation de
l'agriculture permit l'exportation massive de riz vers le Japon au détriment
de la consommation nationale. La main basse sur l'économie coréenne
s'accompagna d'une industrialisation destinée à approvisionner
le Japon mais aussi d'un développement des infrastructures afin d'en
faciliter l'intrégration. La mort du roi Kojong en fin février
1919 donna une occasion aux souverainistes d'organiser un mouvement de foule
le 1er mars qui se solda par une répression sanglante par
les autorités japonaises dans l'indifférence du monde. La
manifestation incita néanmoins l'empire à atténuer les
signes visibles de sa domination. Pendant les années 20, à la
faveur de cette relative liberté culturelle se développa la nouvelle
littérature coréenne et d'autres mouvements culturels de résistance
passive et de réaffirmation de la coréanité. A partir
de 1937, le Japon changea radicalement de politique et s'attacha à assimiler
la Corée de gré ou de force. La résistance coréenne
prit tout d'abord la forme d'un gouvernement en exil d'inspiration républicaine
sous l'égide de Syngman Rhee. Mais elle se manifesta également
par des attentats épars et disparates ou par des troupes organisées
qui entretinrent une guérilla à partir de la Mandchourie tout
au long de l'occupation. 15) De la Corée
japonaise à la Corée du Sud. NEW
A la libération les vainqueurs du Japon se partagèrent
la péninsule de part et d'autre du 38ème parallèle.
Si l'activité politique bouillonnait au nord comme au sud, la réalité
du pouvoir n'en demeurait pas moins aux mains des armées d'occupation
qui se chargèrent de la question coréenne lors d'une série
de conférences qui aboutirent à une impasse mi 1946. En 1948,
après le refus des soviétiques d'organiser des élections
nationales, la zone sud se dota d'une assemblée et proclama la république
de Corée. Elle dut rapidement faire face aux guérillas provinciales
avant que la guerre civile n'éclate en juin 1950. En un mois toute
la péninsule, le réduit de Pusan excepté, est envahi. Le
débarquement à Inchon et les bombardements massifs américains
reversent la situation, le nord est occupé ce qui déclenche l'intervention
de la Chine communiste. Elle repousse les combats au 38ème
parallèle après une dernière contre offensive des forces
de l'ONU. La politique de l'après guerre fut marquée par
le clientélisme et la corruption du gouvernement de Sungman Rhee dans
un contexte de misère économique. En 1960 les manifestations ont
raison du régime à qui succède brièvement une expérience
démocratique. Celle-ci fut renversée par un coup d'état
militaire en raison des troubles dans le pays. Park Chung Hee se fit élire
président et dirigea la Corée d'une main de fer. Il normalisa
les relations avec le Japon, prit une part active dans la guerre du Viet-Nam
et permit un premier pas vers un rapprochement avec le Nord au début
des années 1970. La république Yushin et sont cortège de
répression et de censure ne fit qu'exacerber le ressenti des Coréens
contre un régime dictatorial et un système économique pesant.
Park Chung Hee disparaît en 1979 sous les coups de revolver du directeur
de la KCIA dans des circonstances pour le moins obscures. La période
de transition qui suivit fut écourté par un putsch de la sécurité
militaire qui propulsa au pouvoir Chun Doo-Hwan. Son successeur Roh Tae Woo
remporta les premières élections au suffrage universel direct
démocratique en 1988 juste avant les jeux olympiques de Seoul qui permit
la démocratisation du pays. 16) De
l'alternance démocratique à la mondialisation. NEW
Roh Tae-Woo préside la Corée de 1988 à 1993,
la fin de la guerre froide illustrée par les réconciliations avec
la Russie puis la Chine populaire a été précédée
par la réussite des JO de Séoul en 1988. Néanmoins, la
démocratisation reste superficielle et la corruption endémique.
L'agitation estudiantine en découlant incommode les dirigeants qui libèrent
des centaines de prisonniers politiques pour apaiser la situation. Kim
Young-Sam est élu à la suite de son mentor et en partie grâce
à ses subsides. La Corée accède au rang officiel de pays
développé : elle entre dans le cercle de l'OCDE mais les problèmes
économiques et la crise pointent. Les faillites se succèdent et
la crise financière de 1997 signe la fin du 'miracle économique'. L'élection
de Kim Dae-Jung militant démocratique historique de la scène politique
sud-coréenne marque une nouvelle ère. Assainissement du secteur
financier, réduction du poids des Chaebols, promotion des investissements
étrangers sont au programme approuvé par le FMI, sauveteur d'une
Corée en quasi cessation des paiements. La rencontre historique
entre Kim Dae-Jung et Kim Jong-Il à Pyongyang a relancé les espoirs
de réunification avec le Nord. Mais le précédent allemand
a fait réfléchir des Sud-coréens déjà frappés
par la crise et dont la plupart n'ont jamais connu le Nord de la péninsule. |