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20.04.2002

 

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Etudes économiques de l'OCDE - 1999 - Corée

Technique, détaillé et, somme toute, assez simple d'accès pour les néophytes, cette étude est un bon ouvrage d'approfondissement des mécanismes et des conséquences de la crise en Corée.

Au delà de l'aspect didactique, il apporte de précieux éléments sur les politiques menées par le gouvernement sud-coréen pour lutter contre la crise.

J'attends avec impatience la prochaine étude.

Table des matières

Le redressement après la crise

Politiques monétaire et budgétaire

Réforme du système financier

La restructuration des sociétés et le cadre du gouvernement d'entreprise

Tendances et politiques du marché du travail et mise en place d'un filet de protection sociale

 

Le redressement après la crise

Après un bref rappel factuel des événements de 1997 et 1998, les auteurs s'efforcent d'éclaircir les faiblesses coréennes avant la crise. Ils relèvent notamment le faible niveau de rentabilité des entreprises ainsi que leur endettement, un système financier éprouvé par de récentes faillites et une dette extérieure à court terme élevée.

Ces trois faiblesses sont décrites en détail avant l'examen des conséquences de la récession de 1998 : baisse des investissement, des stocks et des coûts de main d'oeuvre pour les entreprises. Mais aussi baisse des revenus des ménages, triplement du taux de chômage et hausse de l'inflation pour la population.

 

Viennent ensuite les facteurs à l'origine de le reprise économique au 1er semestre 1999. En premier lieu, l'assouplissement de la politique monétaire qui a permis l'essor du marché action et l'allégement du poids de la dette des entreprises. Egalement le déserrement de la politique budgétaire a atténué les effets de la récessions.

Autre facteur concourrant à l'amélioration de la situation, le retour de la confiance des acteurs économiques alimenté par l'ampleur des réformes et l'augmentation des réserves de change. Ce dernier point provenant des prêts du FMI et consort, du rétablissement de la balance courante, de l'émission d'obligation par l'Etat et du retour des capitaux internationaux.

 

Politiques monétaire et budgétaire

Fin décembre 1997, la banque de Corée avait augmenté considérablement le taux d'intérêt à court terme afin de limiter la chute abyssale du won, mais dès mai 1998 la tendance s'inversait grâce à l'amélioration des indicateurs. L'indépendance accrue de la banque centrale coréenne caractérise également cette période qui a vu l'abandon du "peg" au profit d'un taux de change flottant. Reste l'objectif d'une inflation limitée dévolue à la seule banque centrale qui travaille en étroite collaboration avec le gouvernement.

Le gouvernement a rapidement effectué un virage à 180° devant l'ampleur de la recession qui se profilait pour 1998. Sa politique budgétaire expansionniste comportait trois principaux axes d'importance similaire : garantie des prêts de la KAMCO, crédits aux PME étouffées par la hausse des taux d'intérêt, dépenses sociales en direction des nombreux chômeurs. Cette politique s'est accompagnée de gros efforts de réduction des dépenses de fonctionnement dans l'administration, d'une dégradation de l'endettement de l'Etat et d'un programme de privatisation.

 

Réforme du système financier

Le cadre juridique et institutionnel coréen a subi de profonds changements depuis la crise. Tout d'abord de nombreuses lois ont évolué, puis un organisme central de supervision, la FSC, a été créé afin de normaliser et de rationaliser l'intervention de l'Etat. La Kamco a vu croître son rôle dans la restructuration à travers la reprise des actifs douteux du secteur. La KDIC assume la garantie par l'Etat des dépôts bancaires afin de préserver la confiance dans le système. La réglementation comptable a également fait l'objet d'une mise à jour.

Déjà affaiblies par les faillites de 1997, les banques commerciales coréennes sont devenues une priorité pour le gouvernement qui n'a pas hésité à nationaliser, fusionner ou fermer à tour de bras redevenant bien malgré lui, le premier actionnaire dans nombre de banques. Les exigences en matière de transparence de l'information, contrôle interne ont été renforcées.

Ce n'est qu'en 1999 que la FSC s'est intéressée au secteur de l'assurance. Présentant les mêmes symptômes que le secteur bancaire, il devrait faire l'objet d'une restructuration aussi drastique que celle engagée dans la banque. Les banques d'affaires (merchant banks et non investment banks) ont également souffert. Plus petites et plus aventureuses que leurs aînées, elles n'ont pas survécu à l'année pour la moitié d'entre elles. D'autres institutions financières, ITC, maisons de titres sont passées sous les fourches caudines de la FSC.

La KAMCO a joué un rôle prépondérant dans la résolution de la crise. Elle a acquis en 1998 44 mds de Won de créances improductives pour un prix de 20 mds - l'état lui a alloué 32 mds. Il lui faut encore liquider son stock, afin d'obtenir de nouvelles liquidités et absorber les créances d'institutions encore peu touchées par les analyses de la FSC (assurances, banques spécialisées...)

 

La restructuration des sociétés et le cadre du gouvernement d'entreprise

Autre priorité du gouvernement, la réforme des entreprises. Kim Dae-Jung a tenté de mettre en place au cours de l'année 98 une série de réformes visant à assainir le capitalisme coréen et sa gestion : réduction des garanties de dettes croisées, transparence manageriale et comptable, mis à niveau international de la gestion coréenne.

Les garanties croisées entre filiales de chaebols posent en particulier un problème épineux dans la visibilité des nébuleuses que sont les chaebols. En interdisant l'octroi supplémentaire de garanties sur prêts et en imposant une date limite pour le dénouement des opérations antérieures à la crise , le gouvernement avait pour objectif l'assainissement des modes coréens de financement industriel.

Par ailleurs, le gouvernement a engagé des efforts importants de surveillance de la restructuration économique et financières des 64 premiers chaebols. Un objectif de 200% pour le ratio d'endettement d'ici fin 1999 et l'orchestration des opérations Big deals en témoignent. De nombreuses aides sont apparues afin de limiter les effets de la crise de crédit frappant les PME fragiles.

L'OCDE préconise ensuite des axes d'amélioration, notamment dans le gouvernement d'entreprise en approfondissant les réformes mises en placen, mais aussi dans la réglementation des transactions intragroupe. L'organisation mets en garde le gouvernement coréen contre une trop grande implication dans la vie économique, qui ne serait pas perçue par les marchés comme la fin du dirigisme traditionnel coréen.

 

 

Tendances et politiques du marché du travail et mise en place d'un filet de protection sociale

La crise financière et l'assouplissement des conditions de licenciement ont entraîné en 1998 une forte augmentation du nombre de sans-emploi et une baisse sensible du salaire réel moyen. La structure même de l'emploi s'est modifié, les jeunes, les ouvriers, les femmes comptent parmis les catégories les plus touchées de la baisse d'activité.

Corrélativement, les inégalités de revenus se sont creusées avec l'accentuation des difficultés pour les groupes sociaux les plus fragiles. Et ce malgré l'extension importante du régime d'assurance chômage encore embryonnaire au déclenchement de la crise.

Afin d'atténuer les conséquences sociales, le gouvernement sud-coréen a adopté plusieurs mesures telles que l'autorisation du travail intérimaire, la généralisation de la formation professionnelle, l'aide aux entreprises conservant leurs employés et l'amélioration des organismes publics de placement.

La dégradation de l'emploi s'est accompagnée par une détérioration des relations sociales : la multiplication des conflits n'a pu être endiguée par la commission tripartite réunissant l'Etat, le patronat et les salariés.

 

 

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