1ère partie : la construction du modèle coréen
Chapitre 1 : le capitalisme d'Etat coréen
Les fondements du capitalisme et de l'industrie
coréenne se retrouvent dans l'occupation de 1910 à 1945
qui marque l'entrée de la Corée dans la révolution
industrielle. Plus tard, les gros industriels trouvent des échos
auprès des présidents sud-coréens soucieux de leurs
politiques d'armement. En particulier, Park Chung-Hee qu'on surnomme
le père de la Corée moderne.
L'aide américaine contribua grandement
alors à la réorientation de l'économie vers les
industries légères exportatrices. La croissance de l'économie
coréenne est à mettre en majorité à l'actif
du rôle dirigiste du gouvernement qui par le biais de ces plans
quinquennaux entre autres a su fixer les priorités et les faire
respecter. Les industriels prennent part au développement en
mettant en oeuvre les plans en échange des ressources canalisées
par le gouvernements et de la fermeture du marché national aux
concurrents étrangers et notamment japonais.
A partir de 1987, l'affaiblissement (par la démocratisation)
de l'autorité du pouvoir politique a rendu plus libre les conglomérats
qui commençaient à diversifier leurs sources de financement
en particulier sur les marchés étrangers. Parallèlement
le protectionnisme se fissurait sous la pression du GATT puis de l'OMC.
Ce qui caractérise le capitalisme coréen,
c'est son pragmatisme et son empirisme et l'absence de théorie
malgré sa mise en oeuvre dirigiste.
Chapitre 2 : le management des chaebols
Voulus par le gouvernement comme instruments
de ses projets de développement, les chaebols en sont devenus
encombrants. Dominant la quasi totalité de l'économie
coréenne organisée, ils constituent un vrai pouvoir que
le gouvernement cherche depuis peu à limiter.
Mais les chaebols se sont également vus
confrontés à d'autres challenges au premier desquels se
retrouve la modification de la concurrence internationale (avènement
des tigres) et de leur environnement coréen (montée des
salaires et des revendications, réglementations plus restrictives).
Réussir à gérer leur incroyable
diversité tout en maintenant un niveau de qualité dans
chacune de leur branche à un prix compétitif reste encore
un but difficilement accessible.
Chapitre 3 : le mythe du miracle économique coréen
Le "miracle" économique coréen
ne s'est pas réalisé sans embûche, la guerre et
les crises pétrolières ont plongé l'économie
coréenne dans des marasmes insoupçonnés vus d'Occident.
De plus la balance des paiements courants a toujours
été déficitaire à l'exception de la seconde
moitié de la décennie 1980. Les échanges avec l'étranger
ont changé de nature, d'une clientèle de pays industrialisés,
la Corée a trouvé d'autres débouchés à
sa production qui en majorité est écoulée dans
les pays en voie de développement ou émergents.
2ème partie : les dérèglements du système
Chapitre 4 : le redéploiement industriel
Sous la pression de l'environnement international
moins favorable aux industries à faible valeur ajoutée,
la Corée s'est réorientée vers le milieu des années
1980 vers un modèle plus mature. L'une des traductions pratiques
fut l'accent mis par les autorités sur les efforts de recherche
et développement publics mais aussi privés. Effort important
puisque le pourcentage du PIB alloué à la R&D se montait
à 2.79% en 1996.
Mais la Corée n'a pas pour autant abandonné
ses exigences de transfert de technologie lors de gros contrats comme
le TGV Seoul Pusan.
Pourtant ces efforts considérables effectués
dans une conjoncture difficile a contribué à dégrader
encore plus la rentabilité des industries coréennes et
leur structure financière. Conséquence logique, avant
même le déclenchement de la crise, les groupes Kia ou Hanbo
étaient déclarés en faillite.
Chapitre 5 : les mutations politiques, sociales et culturelles
Au fur et à mesure que le développement
de la Corée lui permettait et augmentait les contacts avec le
monde extérieur, la société coréenne s'est
trouvée projetée dans le concert mondial. De la confrontation
des valeurs traditionnelles coréeennes avec le reste du monde,
sont nés plusieurs phénomènes.
Dès la libération Rhee Syng-Man
imposa au sud un régime présidentiel autoritaire qui en
1960 fut renversé par des émeutes. Le régime parlementaire
qui lui succéda fut promptement la victime d'un putsch fomenté
Park Chung-Hee et Kim Jong-Pil. Le premier après plus de 18 ans
de domination fut assassiné et laissa la place à un autre
régime démocratique éphémère que
les généraux Chun Doo-Hwan et Roh Tae-Woo eurent tôt
fait de remplacer par une autre dictature militaire. Jusqu'aux élections
présidentielles de 1992 remportées par les conservateurs,
légataires de la dictature et d'anciens opposants ralliés,
la Corée du Sud ne connut pas de pleine démocratie. Celle-ci
a trouvé récemment une confirmation dans l'élection
de Kim Dae-Jung opposant historique à la dictature.
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Kim Young-sam élu en 1992 a tenté
de nombreuses réformes : "Corée nouvelle", lutte
anti chaebols et corruption qui n'ont pas connu le même succès.
Intervenue au plus fort de la crise financière,
l'élection de Kim Dae-Jung est la manifestation d'une volonté
de changement profond de la société coréenne :
les relations sociales entre salariés et entreprises, les comportements
de certains hommes politiques sont rejetés.
Le syndicalisme n'a réellement pris de
l'ampleur qu'à partir des années 1980. Les revendications
concernaient essentiellement les conditions de travail et les salaires.
Chapitre 6 : la crise financière et monétaire
Le secteur financier a, tout comme les chaebols
qu'il finançait, été l'outil de la politique d'industrialisation
du gouvernement. Fortement réglementé et protégé
des acteurs globaux jusqu'à une date récente, il est caractérisé
encore par une très faible rentabilité en raison des nombreuses
créances douteuses qu'il doit supporter.
Malgré quelques tentatives de réforme
au milieu des années 1990, la crise entraînant la faillite
de certains chaebols, la montée des créances douteuses
et la baisse du résultat d'exploitation a fragilisé le
secteur dont deux des plus grandes banques ont dû être nationalisées
dès décembre 1997. La chute du won et le krach boursier
n'ont fait que renforcer la tendance lorsque les marchés ont
pris conscience de l'état de l'économie coréenne.
3ème partie : la recherche de nouveaux modèles
Chapitre 7 : le sauvetage international
Avec le refus des banques centrales et commerciales
étrangères de renouveler leurs crédits à
leurs homologues coréennes, la crise entre à partir de
novembre 1997 dans sa phase aiguë.
Trois organisations et treize pays ont promis
à la Corée plus de 58 milliards de dollars le 3 décembre
1997. En contrepartie celle-ci devait appliquer un plan de réformes
structurelles négocié avec le FMI. Ce plan fut par la
suite vivement critiqué par certains milieux comme inadapté
aux réalités de l'économie coréenne.
Chapitre 8 : les voies du redressement
Au début de 1998, les scénarios
de sortie de crise se caractérisaient plus par leur diversité
que leur certitude.
Dans un contexte politique inédit de cohabitation,
le Président Kim Dae-Jung ne peut compte sur une majorité
présidentielle hétéroclite et régionale
(le Cholla est la région native de KDJ). Pourtant il s'est rapidement
efforcé de mettre en oeuvre les réformes nécessaires.
Si l'ouverture du pays est réelle, la
restructuration financière est loin d'être achevée,
alors même que les chaebols trainent des pieds pour se réformer.
S'adapant à leur nouvel environnement
hostile, aussi bien à l'intérieur (les pouvoirs publiques
et les banques) qu'à l'extérieur (la concurrence et les
marchés financiers devenus méfiants), les chaebols se
sont lancés pour la plupart dans de vastes programmes de restructuration
interne avec plus ou moins de conviction.
L'évolution de leur environnement suppose
un changement dans les méthodes de gestion coréennes.
Abandon de l'organisation centralisée aux mains de la famille
fondatrice, du manque de transparence financière, des liens entre
fiiales du chaebol. L'aggiornamento du capitalisme coréen reste
encore à définir.
Chapitre 9 : la réunification de la Corée
Depuis l'effondrement du bloc soviétique,
la Corée du Nord a dû faire face à la déliquescence
de son économie et à la famine ce qui l'a conduit à
mener une politique de chantage au nucléaire.
Or l'opacité du système dirigeant
et de ses relations avec les autres organes influents étatiques
ne contribue pas à envisager une réunification, nonobstant
les timides ouvertures économiques à la chinoise qui n'ont
pas convaincu.
Certains dans les milieux économiques
sud-coréens souhaiteraient reproduire le schéma du développement
du Sud au Nord. Kim Jong-Il y trouveraient les capitaux qui lui manquent
tant à condition qu'il sache museler les nationalistes et les
communistes.
Si le principe de la réunification est
consensuel aussi bien au Sud qu'au Nord, les modalités varient
selon les orientations politiques et l'orthodoxie dans les propagandes
traditionnels des deux côtés de la DMZ.
Entre une réunification à l'allemande
par absorption pure et simple du Nord par le Sud (car l'inverse n'est
pas concevable à l'heure actuelle) et une reconstruction progressive
de l'économie nord-coréenne dans le cadre d'une confédération,
le choix de la raison est assez évident.
Coûteuse financièrement, ingérable
socialement, géopolitiquement dangereuse, l'absorption risquerait
de déstabiliser toute la péninsule et de mécontenter
la Chine dont les frontières seraient directement accessibles
par des troupes américaines.
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