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20.04.2002

 

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La crise coréenne

par Jean Jacques Pluchart

Grandeur et décadence d'un modèle de performance


1er partie : la construction du modèle coréen >>

Chapitre 1 : le capitalisme d'Etat coréen >>

Chapitre 2 : le management des chaebols >>

Chapitre 3 : le mythe du miracle économique coréen >>

2ème partie : les dérèglements du système >>

Chapitre 4 : le redéploiement industriel >>

Chapitre 5 : les mutations politiques, sociales et culturelles >>

Chapitre 6 : la crise financière et monétaire >>

3ème partie : la recherche de nouveaux modèles >>

Chapitre 7 : le sauvetage international >>

Chapitre 8 : les voies du redressement >>

Chapitre 9 : la réunification de la Corée >>


1ère partie : la construction du modèle coréen

Chapitre 1 : le capitalisme d'Etat coréen

Les fondements du capitalisme et de l'industrie coréenne se retrouvent dans l'occupation de 1910 à 1945 qui marque l'entrée de la Corée dans la révolution industrielle. Plus tard, les gros industriels trouvent des échos auprès des présidents sud-coréens soucieux de leurs politiques d'armement. En particulier, Park Chung-Hee qu'on surnomme le père de la Corée moderne.

L'aide américaine contribua grandement alors à la réorientation de l'économie vers les industries légères exportatrices. La croissance de l'économie coréenne est à mettre en majorité à l'actif du rôle dirigiste du gouvernement qui par le biais de ces plans quinquennaux entre autres a su fixer les priorités et les faire respecter. Les industriels prennent part au développement en mettant en oeuvre les plans en échange des ressources canalisées par le gouvernements et de la fermeture du marché national aux concurrents étrangers et notamment japonais.

A partir de 1987, l'affaiblissement (par la démocratisation) de l'autorité du pouvoir politique a rendu plus libre les conglomérats qui commençaient à diversifier leurs sources de financement en particulier sur les marchés étrangers. Parallèlement le protectionnisme se fissurait sous la pression du GATT puis de l'OMC.

Ce qui caractérise le capitalisme coréen, c'est son pragmatisme et son empirisme et l'absence de théorie malgré sa mise en oeuvre dirigiste.

Chapitre 2 : le management des chaebols

Voulus par le gouvernement comme instruments de ses projets de développement, les chaebols en sont devenus encombrants. Dominant la quasi totalité de l'économie coréenne organisée, ils constituent un vrai pouvoir que le gouvernement cherche depuis peu à limiter.

Mais les chaebols se sont également vus confrontés à d'autres challenges au premier desquels se retrouve la modification de la concurrence internationale (avènement des tigres) et de leur environnement coréen (montée des salaires et des revendications, réglementations plus restrictives).

Réussir à gérer leur incroyable diversité tout en maintenant un niveau de qualité dans chacune de leur branche à un prix compétitif reste encore un but difficilement accessible.

Chapitre 3 : le mythe du miracle économique coréen

Le "miracle" économique coréen ne s'est pas réalisé sans embûche, la guerre et les crises pétrolières ont plongé l'économie coréenne dans des marasmes insoupçonnés vus d'Occident.

De plus la balance des paiements courants a toujours été déficitaire à l'exception de la seconde moitié de la décennie 1980. Les échanges avec l'étranger ont changé de nature, d'une clientèle de pays industrialisés, la Corée a trouvé d'autres débouchés à sa production qui en majorité est écoulée dans les pays en voie de développement ou émergents.

2ème partie : les dérèglements du système

Chapitre 4 : le redéploiement industriel

Sous la pression de l'environnement international moins favorable aux industries à faible valeur ajoutée, la Corée s'est réorientée vers le milieu des années 1980 vers un modèle plus mature. L'une des traductions pratiques fut l'accent mis par les autorités sur les efforts de recherche et développement publics mais aussi privés. Effort important puisque le pourcentage du PIB alloué à la R&D se montait à 2.79% en 1996.

Mais la Corée n'a pas pour autant abandonné ses exigences de transfert de technologie lors de gros contrats comme le TGV Seoul Pusan.

Pourtant ces efforts considérables effectués dans une conjoncture difficile a contribué à dégrader encore plus la rentabilité des industries coréennes et leur structure financière. Conséquence logique, avant même le déclenchement de la crise, les groupes Kia ou Hanbo étaient déclarés en faillite.

Chapitre 5 : les mutations politiques, sociales et culturelles

Au fur et à mesure que le développement de la Corée lui permettait et augmentait les contacts avec le monde extérieur, la société coréenne s'est trouvée projetée dans le concert mondial. De la confrontation des valeurs traditionnelles coréeennes avec le reste du monde, sont nés plusieurs phénomènes.

Dès la libération Rhee Syng-Man imposa au sud un régime présidentiel autoritaire qui en 1960 fut renversé par des émeutes. Le régime parlementaire qui lui succéda fut promptement la victime d'un putsch fomenté Park Chung-Hee et Kim Jong-Pil. Le premier après plus de 18 ans de domination fut assassiné et laissa la place à un autre régime démocratique éphémère que les généraux Chun Doo-Hwan et Roh Tae-Woo eurent tôt fait de remplacer par une autre dictature militaire. Jusqu'aux élections présidentielles de 1992 remportées par les conservateurs, légataires de la dictature et d'anciens opposants ralliés, la Corée du Sud ne connut pas de pleine démocratie. Celle-ci a trouvé récemment une confirmation dans l'élection de Kim Dae-Jung opposant historique à la dictature.

 

Kim Young-sam élu en 1992 a tenté de nombreuses réformes : "Corée nouvelle", lutte anti chaebols et corruption qui n'ont pas connu le même succès.

Intervenue au plus fort de la crise financière, l'élection de Kim Dae-Jung est la manifestation d'une volonté de changement profond de la société coréenne : les relations sociales entre salariés et entreprises, les comportements de certains hommes politiques sont rejetés.

Le syndicalisme n'a réellement pris de l'ampleur qu'à partir des années 1980. Les revendications concernaient essentiellement les conditions de travail et les salaires.

Chapitre 6 : la crise financière et monétaire

Le secteur financier a, tout comme les chaebols qu'il finançait, été l'outil de la politique d'industrialisation du gouvernement. Fortement réglementé et protégé des acteurs globaux jusqu'à une date récente, il est caractérisé encore par une très faible rentabilité en raison des nombreuses créances douteuses qu'il doit supporter.

Malgré quelques tentatives de réforme au milieu des années 1990, la crise entraînant la faillite de certains chaebols, la montée des créances douteuses et la baisse du résultat d'exploitation a fragilisé le secteur dont deux des plus grandes banques ont dû être nationalisées dès décembre 1997. La chute du won et le krach boursier n'ont fait que renforcer la tendance lorsque les marchés ont pris conscience de l'état de l'économie coréenne.

3ème partie : la recherche de nouveaux modèles

Chapitre 7 : le sauvetage international

Avec le refus des banques centrales et commerciales étrangères de renouveler leurs crédits à leurs homologues coréennes, la crise entre à partir de novembre 1997 dans sa phase aiguë.

Trois organisations et treize pays ont promis à la Corée plus de 58 milliards de dollars le 3 décembre 1997. En contrepartie celle-ci devait appliquer un plan de réformes structurelles négocié avec le FMI. Ce plan fut par la suite vivement critiqué par certains milieux comme inadapté aux réalités de l'économie coréenne.

Chapitre 8 : les voies du redressement

Au début de 1998, les scénarios de sortie de crise se caractérisaient plus par leur diversité que leur certitude.

Dans un contexte politique inédit de cohabitation, le Président Kim Dae-Jung ne peut compte sur une majorité présidentielle hétéroclite et régionale (le Cholla est la région native de KDJ). Pourtant il s'est rapidement efforcé de mettre en oeuvre les réformes nécessaires.

Si l'ouverture du pays est réelle, la restructuration financière est loin d'être achevée, alors même que les chaebols trainent des pieds pour se réformer.

S'adapant à leur nouvel environnement hostile, aussi bien à l'intérieur (les pouvoirs publiques et les banques) qu'à l'extérieur (la concurrence et les marchés financiers devenus méfiants), les chaebols se sont lancés pour la plupart dans de vastes programmes de restructuration interne avec plus ou moins de conviction.

L'évolution de leur environnement suppose un changement dans les méthodes de gestion coréennes. Abandon de l'organisation centralisée aux mains de la famille fondatrice, du manque de transparence financière, des liens entre fiiales du chaebol. L'aggiornamento du capitalisme coréen reste encore à définir.

Chapitre 9 : la réunification de la Corée

Depuis l'effondrement du bloc soviétique, la Corée du Nord a dû faire face à la déliquescence de son économie et à la famine ce qui l'a conduit à mener une politique de chantage au nucléaire.

Or l'opacité du système dirigeant et de ses relations avec les autres organes influents étatiques ne contribue pas à envisager une réunification, nonobstant les timides ouvertures économiques à la chinoise qui n'ont pas convaincu.

Certains dans les milieux économiques sud-coréens souhaiteraient reproduire le schéma du développement du Sud au Nord. Kim Jong-Il y trouveraient les capitaux qui lui manquent tant à condition qu'il sache museler les nationalistes et les communistes.

Si le principe de la réunification est consensuel aussi bien au Sud qu'au Nord, les modalités varient selon les orientations politiques et l'orthodoxie dans les propagandes traditionnels des deux côtés de la DMZ.

Entre une réunification à l'allemande par absorption pure et simple du Nord par le Sud (car l'inverse n'est pas concevable à l'heure actuelle) et une reconstruction progressive de l'économie nord-coréenne dans le cadre d'une confédération, le choix de la raison est assez évident.

Coûteuse financièrement, ingérable socialement, géopolitiquement dangereuse, l'absorption risquerait de déstabiliser toute la péninsule et de mécontenter la Chine dont les frontières seraient directement accessibles par des troupes américaines.

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