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20.04.2002

 

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Engaging North Korea credibly

En 1994, les Etats-Unis ont accepté d'accorder à la Corée du Nord des avantages en nature en échange de l'abandon de son programme nucléaire. L'abandon de la politique d'isolement, de 'containment' pratiquée depuis l'armistice depuis 1953 a soulevé des critiques de part et d'autre du Pacifique. Mais les solutions qui opéraient pendant la guerre froide, ne sont plus d'actualité. Il s'agit de réexaminer la situation nord-coréenne à l'aune du nouveau contexte géopolitique et des nouvelles menaces qu'il génère.

Une nouvelle doctrine diplomatique serait plus à même de diminuer les risques liés à la Corée du Nord. Par une démarche volontariste de dialogue constructif avec Pyongyang, il est possible d'influencer, d'amadouer, d'assouplir afin de rendre dépendant la Corée du Nord au reste du monde et lui ôter toute velléité de nuire. "L'engagement" ne cherche pas à forcer la main mais à faire adopter par l'adversaire le chemin qu'on lui a tracé.

Cela n'exclut ni la fermeté ni la poursuite de la politique de containment, le refus et la condamnation des atrocités commises au nom de Kim il-Sung. De plus, une telle diplomatie ne souffre guère la faiblesse militaire : il est essentiel afin de crédibiliser la démarche et ne pas paraître dans une situation de faiblesse de renforcer la défense. Car "l'engagement" diffère notamment de "l'appeasement" de Chamberlain par la puissance diplomatico-stratégique. L'engagement est une main tendue, mais l'autre main est armée.

Le régime Kim Il-Sungiste ne développe en réalité ses moyens de destruction massive que pour acquérir les leviers nécessaires à sa politique de chantage. Cette dépendance vis-à-vis de l'Occident - au sens large - rend Pyongyang apte à établir un dialogue de type 'engagement'.

Vouloir continuer l'isolement de la Corée du Nord, l'ignorer c'est prendre le risque de la voir achever le développement de ses vecteurs et de sa capacité nucléaire. Vouloir forcer manu militari Kim Jong-Il, c'est déclencher un conflit meurtrier aux répercussions inconnues.

La stratégie nordiste n'est pas de déclencher un conflit qu'elle ne peut assumer ni militairement ni économiquement. En revanche, elle peut tenter de renégocier le statu quo des accords déjà signés par des crises mesurées et contrôlées dont l'objet est d'entretenir la tension et l'incertitude quant à son comportement.

La diplomatie nord-coréenne se rapproche de la position d'un joueur qui prend de plus en plus de risques au fur et à mesure qu'il perd. Ayant plus à gagner qu'à perdre, le régime nord-coréen poursuit une fuite en avant dont l'issue pourrait devenir tragique. Dans ces conditions, il est plus dangereux de laisser pourrir la situation que d'aider le Nord afin qu'il ait quelque chose à perdre dans l'affrontement.

Cinq raisons existent pour justifier l'établissement d'un dialogue avec le Nord.

  1. La meilleure façon d'unir une coalition punitive en cas d'échec est d'épuiser les solutions pacifiques.
  2. La carotte d'aujourd'hui deviendra le bâton de demain
  3. La carotte pourrait entraîner des dissensions dans les élites nord-coréennes...
  4. ... et accélérer le pourrissement du régime.
  5. L'aide accordée au Nord préparera et adoucira la réunification.

Avant que les résultats ne se fassent sentir, il sera nécessaire de faire preuve de patience comme l'a déjà montré le président Kim Dae-Jung qui a refusé d'interrompre la Sunshine policy malgré les provocations de Pyongyang.

Afin d'éviter tout amalgame avec "l'appeasement", il convient également d'expliquer en quoi cette politique n'est pas un aveu de faiblesse ou une aumône sans contrepartie.

Le récente refus de la Corée du Sud de participer au projet de défense antiballistique américain ne va pas pourtant dans le sens de la crédibilisation de la défense de la péninsule que nécessite la Sunshine policy. Ce nouveau rempart aurait notamment pour effet de relativiser la menace des missiles nord-coréens.

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